Maire d’Asnières-sur-Seine

Comment exercez-vous vos fonctions de maire dans cette période de confinement et comment sont ou non maintenus les services municipaux ?

J’exerce pleinement mes fonctions de Maire, dans tous les domaines classiques de la vie communale. Mais j’y ajoute naturellement la mise en place et la gestion de mesures spécifiques destinées à lutter contre la propagation du coronavirus. C’est cet aspect des choses qui prend le plus clair de notre temps actuel.

Au quotidien, sur nos missions traditionnelles, nous devons faire face à un service en « mode dégradé » : les employés communaux ou les salariés des sociétés prestataires de services (propreté, ramassage des déchets etc.) sont pour partie confinés. Certains font valoir leur droit de retrait. D’autres sont atteints par la maladie. Il faut donc chaque jour adapter nos moyens aux missions des divers services restant en activité. Il faut faire preuve de souplesse, pragmatisme et réactivité. Certains services non essentiels en ce moment sont fermés, d’autres restent ouverts en mode normal ou renforcé tels la Police municipale, le Centre Municipal de Santé, le Centre Communal d’action sociale (notamment le pôle Gérontologie), le service portage de repas… Sur 1 500 employés communaux, environs 300 continuent de travailler.

Sur le fond, quels types de services avez-vous mis en place pour essayer d’agir au mieux en faveur des habitants ?

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Covid19 : les premières mesures prises par la mairie d’Asnières-sur-Seine (document produit par la mairie d’Asnières-sur-Seine) – Cliquer sur le visuel pour l’agrandir.

Il n’est pas question de nous substituer au Gouvernement. C’est lui qui gère la lutte contre le virus. Les mesures que nous prenons sont destinées à rendre localement cette lutte plus efficace et aussi plus supportable pour les habitants.

Je n’ai pas attendu que le confinement soit décidé pour agir. Dès le 3 mars, j’ai mis en place une cellule de veille à Asnières, destinée à suivre l’évolution de la pandémie et faire des propositions spécifiques pour des actions locales.

Cela prend des formes diverses, telles, par exemple, l’ouverture des écoles pour la garde des enfants des personnels de santé, mais aussi la mise en place d’un couvre-feu de 22 heures à 5 heures du matin, ou encore la livraison de masques et de gel aux commerçants, la gratuité du stationnement, le renforcement du port des repas à domicile, la mise en place d’une cellule d’écoute, la désinfection des rues etc.

Au-delà de ces mesures de circonstance, il y a un point essentiel : nous avons un Centre Municipal de Santé. Alors que de nombreuses villes n’en possèdent pas, voire même ont fermé les existants par choix budgétaire, nous avons développé notre Centre, installé depuis 3 ans dans des locaux modernes et fonctionnels. La Santé n’est pas un domaine de compétence obligatoire des communes. Faire fonctionner un tel centre représente un coût non négligeable. Mais c’est notre choix, et nous l’assumons. En l’occurrence, nous avons donc aménagé une filière spéciale dédiée au Covid 19 au sein de notre Centre de Santé.

Que permettent les pouvoirs de police du maire ? Et dans quel cadre s’inscrit votre action ?

Dans les premiers temps du confinement, les policiers municipaux n’avaient pas le droit de dresser directement des procès-verbaux pour sanctionner le non-respect des règles. Ils devaient rédiger un rapport, ensuite transmis à la police nationale. Seule cette dernière était en mesure de finalement verbaliser. Il va sans dire que cette procédure était lourde et inadaptée. Nous avons donc réclamé et obtenu une simplification du processus. Désormais les policiers municipaux peuvent verbaliser directement.

Suite à cela, j’ai mis en place un « couvre-feu », de 22 heures à 5 heures du matin, permettant surtout d’éviter les regroupements de jeunes dans certains quartiers. Quelques cas de rébellion lors des contrôles normaux nous ont incité à prendre ces mesures. Depuis lors, nous n’avons pas rencontré de problèmes majeurs.

En temps habituel, comme en période exceptionnelle, il convient de strictement respecter les règles, afin que les mesures prises soient juridiquement incontestables. Il n’était pas question pour moi de laisser les policiers municipaux agir hors d’un cadre clairement délimité.

Il en va d’ailleurs de même pour toutes les décisions municipales prises durant cette période. Des cadres existent, il faut les respecter. Ils sont rigides, mal adaptés pour certains, mais on ne peut s’en exonérer. C’est ce qu’il m’est arrivé de rappeler à certains de mes collègues maires, tentés par des achats de masques et produits sanitaires hors respect des règles de la commande publique.
Ce n’est pas parce que la période est exceptionnelle que l’on peut faire n’importe quoi.

Quels sont les premiers constats peut-on tirer de cette situation, et quels remèdes pour l’avenir ?

En temps utile, il s’agira d’évaluer l’action du gouvernement. Non pas nécessairement pour régler des comptes politiques dans l’optique des futures élections présidentielles, mais surtout pour analyser précisément l’action publique tant dans son processus de décision que dans sa capacité à sortir de la crise sanitaire.

On constatera le rôle des collectivités locales, car l’État ne peut pas tout.

On regrettera comme toujours l’inégalité de traitement des populations selon que la collectivité est riche ou pauvre. Et je réclamerai une nouvelle fois – toujours en pure perte- une vraie péréquation financière entre les collectivités territoriales françaises.

Le gouvernement devra rebâtir notre système de santé et lui donner plus de moyens.

Un véritable plan de gestion de crise sanitaire devra être élaboré avec tous les acteurs de la vie publique, dans lequel chacun prendra sa part, qu’elle soit financière, humaine ou fonctionnelle.

Pendant ce temps, nous aurons aussi à gérer la crise économique qui aura succédé à la crise sanitaire. Le gouvernement distribuera des milliards et les communes géreront sur le terrain les fermetures des commerces, les faillites des entreprises locales, les impossibilités pour certaines familles de payer la cantine ou les divers services publics locaux.

Nous ferons face, comme nous le faisons actuellement, avec « les moyens du bord » doublés d’une bonne connaissance du terrain et des besoins individuels et collectifs de nos administrés.

Parallèlement à cette situation inédite, il s’agira aussi pour nous de réaliser le projet municipal pour lequel les électeurs nous ont exprimé leur confiance avec plus de 56% des voix dès le premier tour. Les appels d’offre sont déjà lancés, notre service de la commande publique tourne à plein en télétravail. Les nouveaux équipements publics, les travaux de voirie et d’éclairage, les animations et fêtes, tout cela ne saurait attendre pour voir le jour que nous ayons fini de gérer la crise. Il nous faut donc dès maintenant tout mener de concert.

C’est ce que nous faisons, forts de la confiance renouvelée de nos concitoyens.

 

En complément, consulter le Plan de continuité du service public (ville d’Asnières-sur-Seine)

 

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